Blogue Pouding

Penser la science

Comment des Êtres sans capacités intellectuelles apparentes, disons des chauves-souris, évoluent-elles? Poser la question, et tenter d'y répondre, ouvre une porte. Et derrière cette porte se cache une ou des réalités où l'intellect, le génie scientifique et la pensée rationnelle n'existent peut-être pas.

En quelle année la première chauve-souris dotée d'un sonar est-elle apparue? Était-ce avant ou après que naisse la première chauve-souris dotée de membranes semblables à des ailes? Était-ce avant ou après le moment où une première chauve-souris s'est élancée et a flotté dans les airs? La pensée rationnelle nous mène à imaginer que la chauve-souris avec des membranes a précédé celle qui vole, laquelle a précédé celle capable de voir les obstacles avec un sonar.

Parce qu'il est logique de penser que le besoin précède la fonction, les ailes doivent précéder le vol, et le vol doit précéder les instruments de navigation. Or, selon cette logique, il est aussi possible d'imaginer que le sonar puisse être arrivé avant les ailes, sachant qu'il peut aussi s'avérer utile au sol depuis que de récentes voitures autonomes en sont dotées. Bref, le sens que l'on donne aux choses semble naître de ce qu'on est capable d'expliquer.

En est-il de même pour l'évolution? De quelle façon advient-elle? La graine qui mène au sonar semble advenir après qu'on l'ait désirée, et non de façon désordonnée. Combien de chauves-souris ont-elles percuté d'obstacles avant de faire émerger l'idée du sonar, et combien de temps ou de générations ce processus a-t-il nécessité?

Le manque d'imagination de notre rationalité semble se buter au fait que l'évolution prend beaucoup de temps à se matérialiser. Qu'en est-il en réalité? La science va-t-elle vraiment plus vite que l'évolution, et si oui, cette vitesse nous coûte-t-elle trop cher? L'évolution naturelle des choses est lente parce que les variables en jeu sont infiniment nombreuses. La nature évolue lentement, élégamment et le plus harmonieusement possible. Faire arriver le changement sans tout détruire prend du temps, du doigté.

La science fait le contraire, sans nuance et sans doigté. Elle induit des changements rapides et brutaux. Elle broie les forces opposées dans ses sillons. Cela créé des résistances, lesquelles s'additionnent, et des gens s'opposent toujours plus à la science. Or, la science se butera toujours à de la résistance, tant et aussi longtemps qu'elle évitera de respecter la nature et son lent processus évolutif. Les deux pourraient fonctionner ensemble, de concert, bien entendu. Si seulement la science se posait en possible accélérateur de l'évolution naturelle des choses, en tout respect de l'incroyable complexité de la nature, cela ferait toute la différence.

Alors je pose cette question : femmes et hommes politiques, religieux et détenteurs des pouvoirs militaires et économiques, quand cesserez-vous d'instrumentaliser et de travestir la science au détriment de tout ce qui vit?