Le moment de ma naissance remonte à si loin, je ne pourrais définir la permanence de mon Être de façon temporelle. Parce que le temps, l'usure du temps telle que nous l'expérimentons dans la matérialité, n'existe pas hors du monde matériel.
Par opposition, la capacité d'Être dans l'immatérialité, cet espace qui n'en est pas un, ne souffre pas le temps. Et au gré du récit qui sera fait, vous ferez peut-être l'expérience d'une réactualisation de votre conscience en conséquence.
Parce qu'entre chaque passage dans le monde matériel, on oublie presque tout, jusqu'à ce qu'on se remémore. Il existe des raisons pour cela, qu'un jour quelqu'un expliquera. D'ici-là, les vivants en phase matérielle erreront dans l'inconscience de ce qui les aura précédé, et de ce qui viendra.
C'est à dessein que nous oublions beaucoup de ce que nous avons déjà connu une fois de retour là ou souffle le vent. Parce que la vie matérielle nous happe dès l'arrivée, et ne nous délivre que trop tard, au terme d'une trop courte vitalité effrénée.
Je réfère ici à la matérialité humaine telle que nous l'expérimentons sur Terre. En d'autres endroits, sous des cieux différents, le contact avec la matérialité se vit différemment, en tout respect de choix évolutifs variables.
Il est possible de tracer le fil conducteur du vivant matérialisé s'orientant autour d'une unique dualité universelle opposant le matériel à l'intangible. Certains mondes fréquenteront l'un ou l'autre de ces extrêmes de façon prédominante. D'autres évolueront vers l'expérience totale.
En d'autres mots, il y aura des mondes matérialisés à l'excès, d'autres où la matérialité sera exploitée comme le serait une ennuyeuse interface, alors que certains mondes évolueront vers un état de conscience unifié, combinant tous les aspects de la Vie, en admettant qu'ils évitent l'une ou l'autre des ornières.
Pour ajouter à la complexité de ce qui s'offre parfois au vivant matérialisé, considérons également l'influence de mondes voisins, de transits planétaires perturbateurs et de niveaux évolutifs des plus variables, entre autres possibilités.
Le monde qui m'a vu naître dans la matérialité pour la première fois fait partie des mondes qui embrassent tous les aspects du vivant, matériels et intangibles. Depuis cette première naissance, j'ai eu le plaisir de vivre de très nombreux passages dans la matérialité, dans plusieurs mondes différents.
À travers ces mondes, j'ai pu faire l'expérience d'extrêmes difficilement conciliables. Du monde de mes débuts, je garde la connaissance de ce qu'il est possible de vivre et d'expérimenter à l'intérieur d'une société dépassant le milliard de rotations conscientes autour de son étoile.
De mon court passage dans un autre monde, je garde en moi-même la sensation d'une existence matérielle atrophiée, quasi niée, basée sur l'exploitation de friches immatérielles de mondes émergeant, dont la Terre, lieu de mes plus récents passages dans la matérialité.
La Terre est un monde en plein potentiel se situant à la rencontre de multiples choix. Devenir un phare éclairé centré sur l'avancement du vivant, ou sombrer dans le culte de la matérialité, ne sont que deux choix dans l'infinité des possibles.